
"Qui parle de désir, parle d'espérance.
Qui s'approche du soir, retient ses souvenirs.
Qui n'a plus de temps, possède l'essentiel."
Il se disait cela, et bien d'autres vertiges. D'autres vérités
bien plus proches de l'oubli.
Il se disait combien les mots sont difficiles à saisir à même
les lendemains. Et combien le passé est fragile ; alors que
le présent s'offre entre deux portes -- éphémère épinglé.
Il s'inventait des phrases pleines d'ambiguïtés
d'où sourdaient quelques résurgences de ces vieilles
profondeurs oubliées.
Il se mettait à vivre au creux de l'instant,
délaissant les contours et les circonférences.
Imaginant le monde rempli de regards. Et de
mains. Ouverts sur la clarté.
Extrait de "l'Homme Séculaire" Daniel Leduc
Daniel LEDUC est né à Paris en 1950. Il a collaboré à diverses publications en tant que critique littéraire, musical ou cinématographique. Une quinzaine d’ouvrages poétiques ont paru à ce jour. De même qu'une quarantaine de nouvelles publiées en revues et dans des quotidiens. Ses textes ont été traduits dans une dizaine de langues et figurent dans de nombreuses anthologies françaises ou étrangères.
De l'écriture il dit et partage ceci avec moi : Si votre regard se pose sur cette page, c'est que, tout comme moi, vous aimez les mots. Vous les aimez pour leur force, leur douceur, leur ambiguïté, leur précision, leur richesse. Pour ce qu'ils vous accordent de lumière en temps de pluie, et d'ombre dans le désert. Parce qu'ils sont vos amis véritables, fidèles -- même lorsque vous trahissez leur sens, ou que vous les oubliez. Nous partageons tous le même dictionnaire, qu'il soit ancien ou moderne, d'une langue ou d'une autre, argotique ou précieux, de l'Académie française ou de Robert. Un même dictionnaire : le langage. Ou, si vous préférez : l'échange.
L'illustration intitulée "Le cri de la mouette" est une oeuvre de Noric, peintre, sculpteur et ami que je salue et remercie pour m'avoir fait découvrir Daniel Leduc.
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